Fête de la révélation
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Fête de la révélation : la nouvelle tendance US

La connaissance du sexe d’un enfant est une étape importante dans la vie des parents. L’inscrire dans le cadre d’une fête de la révélation prend tout son sens lorsque l’on veut en laisser un souvenir impérissable.

Dans cette optique, une cérémonie permet à cet événement de trouver d’autant mieux  sa place dans le nouvel album de famille.

Quand réaliser une fête de la révélation du sexe de votre enfant ? Qui doit l’organiser et que signifie cette fête sont autant de questions auxquelles nous allons aujourd’hui répondre.

Toutefois, il semblerait que cette pratique ne soit pas aussi neutre et bonne enfant qu’elle ne paraît l’être au premier abord. Nous allons vous expliquer pourquoi.

Qu’est-ce qu’une fête de la révélation ?

Le principe est simple. Lors d’une échographie de contrôle, le praticien inscrit le sexe de l’enfant sur une feuille, qu’il glisse ensuite dans un enveloppe qu’il scelle.

Les heureux parents, qui ne connaissent alors pas encore le sexe de leur futur bébé, remettent cette enveloppe à un membre de la famille. Ce dernier organise ensuite la cérémonie.

Le sexe de l’enfant peut généralement être déterminé aux alentours de la 15ème semaine de grossesse. La fête pourra donc avoir lieu peu de temps après.

Comment révéler le sexe de l’enfant durant la cérémonie ?

Des centaines de méthodes ont été inventées pour révéler le sexe de l’enfant à naître. Du lâché de ballons bleus ou roses à l’envoi de confettis, en passant par la couleur de l’intérieur d’un gâteau, tout y est passé.

Au point que des personnes sont même décédées dans des fêtes de révélation. Ainsi, en octobre 2019, une femme de 56 ans est morte, frappée en pleine tête par un morceau de mortier censé envoyer des confettis.

D’autres exemples désastreux fusent. Un homme a ainsi fait partir en fumée plus de 5 000 hectares de terre en Arizona, tandis qu’un autre a mis le feu à sa voiture en voulant libérer une poudre rose ou bleue [1].

Qui a inventé la fête de la révélation ?

Son nom est Jenna Karvunidis, elle se présente comme une écrivaine, mère de trois enfants, et étudiante en droit, vivant à Los Angeles [2].

Alors qu’elle était enceinte de la petite dernière, Jenna Karvunidis organisa une fête pour révéler le sexe de l’enfant.

En écrivant cette histoire sur son blog, elle lança, bien malgré elle, une tendance qu’elle dit aujourd’hui regretter [3].

Pourquoi la fête de la révélation n’est-elle pas une si bonne idée ?

Le principe de la fête de la révélation a fait couler beaucoup d’encre, souvent pour dénoncer son caractère binaire.

C’est-à-dire pour mettre en évidence le caractère intrinsèquement genré d’une telle initiative : bleu pour les garçon, rose pour les filles.

Accusé, dans une certaine mesure, d’enfermer l’enfant dans un stéréotype de genre, la fête de la révélation a toutefois pris de plus en plus d’ampleur.

La société Google notait ainsi une augmentation des recherches du terme “gender reveal“, comprenant 165 000 recherches en 2019, alors qu’il n’existait pas en 2006. Un premier pic de recherche était déjà atteint en 2010 [4].

Un engouement que les critiques ne semblent pas calmer.

La fête de la révélation : une castration de la créativité ?

La fête de la révélation serait une manière supplémentaire de chercher à attacher un genre à un enfant, avec tout le corollaire des bonnes pratiques sociales qu’il emmène avec lui.

Cette fois-ci, à côté des traditionnelles dichotomies entre garçons et filles, hommes et femmes, la mise en place se fait par une véritable cérémonie dont la liturgie appartient à chaque famille.

De la tenue vestimentaire à l’activité physique ou artistique, le monde genré se distinguerait pourtant par sa binarité malsaine, qui en devient presque maladive.

Les cérémonies de révélation semblent être cette extension de l’enfermement social, cette servitude volontaire, pour reprendre les mots de La Boétie, qui marquent l’avènement de l’homme normé.

L’héritier direct d’une tendance normalisatrice que Canguilhem voyait débuter par la grammaire du XVIIème siècle pour terminer sur les “normes industrielles et hygiéniques” en passant par “les normes morphologiques des hommes et des chevaux” [5].

Si Jenna Karvunidis se désolait d’être la créatrice d’une telle tendance, c’est bien parce qu’elle en a vu l’assise d’une norme qui fait entrer des enfants dans des cases, pareils aux persona des marketeurs ou aux groupes de population des démographes.

Ce sont des chiffres dans un tableau, un comportement classificatoire façonné par une forme d’ordonnancement social, permettant de mieux repérer l’excentrique ; celui-là, ou celle-là même qui devient très vite l’anormal(e), puis le ou la “déviant(e)”.

La reconnaissance de la déviance sociale n’est, bien souvent, que la conséquence de la “pathologisation des anomalies” [6].

En l’espèce, l’enfermement de l’enfant dans son appartenance à un genre, auquel se rattache des attentes sociales particulières, s’imprimera d’autant mieux sur le psychisme de l’enfant, que cette cérémonie s’attachera à son histoire dans le souvenir d’un moment familial majeur.

Par conséquent, toute contestation de sa part de ce que la société attend de lui, ou d’elle, en tant qu’homme ou en tant que femme, relèvera immanquablement de l’anomalie, puis, l’éventuelle universalité de la pratique aidant, de la déviance sociale proprement dite.

Ainsi, les débats de genre sont bien moins les lubies de quelques radicaux bien-pensants d’un monde Occidental en déclin, que la mise en lumière de structures sociales de domination, faisant l’apologie du mimétisme comportemental et intellectuel.

La fête de la révélation devient ainsi une forme de célébration, aux allures bien innocentes, qui porte en elle la puissance de castration de l’individualité créative.

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Elle fait du sexe une fin en soi, quant il ne devrait être, dans l’idiosyncratie d’un Homme, qu’un épiphénomène.

La question de la fête de la révélation permet ainsi d’ouvrir la pensée sur la place de l’individu dans le corps social ; individualité acceptable uniquement sous conditions.